Vers un nouvel art de bâtir - nos villes vont cesser d’être le bras armé d’une vieille doctrine totalitaire : celle du robot-ogre, normalisé et globalisé, dont la beauté de brute ne s’exprime qu’en formatant ses habitants et en violant les paysages. Elles vont se différencier peu à peu comme autant de concrétions naturelles où s’accumuleront ingénieusement les ressources locales, les cultures, les désirs et savoir-faire.

"VV" - un blog pour imaginer cette mutation, partager nos expériences, discuter, se rencontrer, proposer...

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29 août 2012

moderne cardinal

Ce matin même, sur France Culture, les suites d’une dépêche AFP tombée hier : Pierre Cardin défend son projet à Venise. C’est le dernier Ovni du moment qui va atterrir sur la terre avec un coût exorbitant . Pierre Cardin parle de "Palais lumière", "ville verticale", "sculpture habitable", puis il ajoute : "Je veux offrir à Venise un grand jardin pour l'éternité. Je suis écologiste, le vert est ma couleur." Tant mieux, là nous ne pouvons qu’approuver, mais la modernité et l’écologie est-ce encore du Corbu Dubaïen ?

S’il est effectivement possible que la ville de demain soit verticale, faite de plateaux qui démultiplieront les surfaces utiles tout en limitant l’impact au sol, cette modernité ne s’imposera pas dans une tradition colonisatrice. L’écologie sera certainement économique et son coût au mètre carré plus proche de 100 que de 10.000$, alors imaginons plutôt ce que l’on peut bâtir à faible coût (et faible impact) avec 2 milliards : construisons une cité d’un demi-million d’habitants, pourquoi pas une ville flottante destinée à reloger la population de la ville - sans énergie grise. Là, ce serait utile, pour ce vieux souvenir urbain que pourrons visiter les futurs touristes, s’ils sont amateurs de plongée sous-marine. J’invite M. Cardin à y réfléchir, si ses propos sont honnêtes.

Plus dramatique, le défenseur du projet convoqué sur France Culture nous affirme que la Modernité est née à Venise, que la ville devrait donc défendre ce projet. La confusion règne. S’il faut considérer la modernité de Venise comme l’invention d’un mode de vie ou d’une architecture qui a influencé tout l’Occident, impossible de voir le lien avec la construction d’une nouvelle tour éconovore. La Renaissance italienne, avec un peu de culture, nous en percevons effectivement les traces partout autour de nous mais nous pouvons être certains que cette super-tour-évènement ne va jamais impacter le quotidien de quiconque à l’avenir ! Définissons donc une modernité cardinale.

28 août 2012

ovni (déf.)

dessin A.S.


Ovni -. Objet voyant non-identifié, opposé à vernaculaire. Si vous regardez autour de vous, vous constaterez la multiplication des Ovnis, de ces objets singuliers et non-identifiés car il est impossible pour l'autochtone d’en connaitre l’usage. En architecture, l’Ovni peut servir de théâtre, musée, habitation, médiathèque, salle de sport, entreprise… Contrairement à son discret cousin venu de l’espace, il doit impérativement être vu et son existence est incontestable – même s’il partage avec ce dernier la brièveté de son apparition et la qualité de n’avoir aucun point commun avec l’endroit où il se pose. Il est d’autant plus mystérieux qu’il est né dans l’intelligence inaccessible du "starchitecte",   ainsi nommé car son métier consiste à maintenir les liens entre la jetset et les sphères étoilées.

Les Ovnis ont leur propre histoire. La première génération adoptait simplement une forme phallique (les starchitectes du moment étant certainement de sexe mâle) puis elle s’est complexifiée en laissant croître des appendices de forme plus arrondie mais toujours d’une géométrie sans faille. Les derniers Ovnis observés semblent avoir des profils plus souples, ventrus et percés de trous organiques (laissant penser que le sexe femelle vient de faire son apparition). Ils s’assimilent désormais à du gruyère plus ou moins fondu. Nous attendons surtout avec impatience l’arrivée des bébés. A quand, le petit Golmolk ?

25 août 2012

vernaculaire (déf.)

dessin A.S.

Vernaculaire -. Attachement à un "pays", à un "site", proche de local, indigène, pittoresque, régionaliste, rustique, autochtone, traditionaliste, pauvre, domestique, commun, archaïque, grégaire… Dans English Vernacular Houses, en 1975, Eric Mercer va le définir ainsi : "Les bâtiments vernaculaires sont ceux qui appartiennent à un type communément répandu dans une zone donnée à une époque donnée". Mais cette définition paysagère et historique se trouve limitée au passé, et implicitement opposé au contemporain. Il faut une définition plus philosophique et prospective où s'expriment les notions de matières et de moyens de subsistances locaux (communaux*), de morales et de styles de vie indigènes (convivialité**). Proposons, par exemple : "lieu d'activité imaginé et élaboré à partir des communaux pour renforcer les liens conviviaux".

Un bâtiment vernaculaire s'exprimera donc dans des matières localement abondantes (matériau, énergie, main d’œuvre, culture, savoir-faire, "style", etc.) et optimise la qualité du site à travers une activité conviviale (allant de la construction à l'usage). C'est ainsi que le terme "vernaculaire" se situe hors des principes dictés par le Mouvement moderne et peut indirectement s'y opposer (en limitant l'automatisation, le transport, les logiques universelles). Il intègre implicitement certaines morales anciennes (beauté, bonheur) et contemporaines (écologie, diversité).

24 août 2012

pureté esthétique

Revenons à Campo Baeza (cf. v.m.lampugnani), ce parfait exemple de l’académisme actuel assez puritain (blancheur, géométrie parfaite, lavé de tout ornement, et de toute échelle humaine, et tourné sur lui-même) mais très photogénique. Il n’est qu’une preuve supplémentaire que les classes dirigeantes ont besoin d’académismes à suivre. Et c’est le succès de Baeza qui est agaçant plus que son œuvre. Je n’ai, il est vrai, jamais visité ses architectures, mais en revanche j’ai vu une maison de Loos, et j’ai pu constater que chaque pièce y était un bijou de savoir-faire artisanal (marqueteries de marbres, menuiseries savantes, plâtres délicats, fauteuils veloutés). Une continuation du luxe traditionnel par des moyens géométriques plus délibérément lisses. Par les dessins que j’avais vus auparavant, je n’avais pas du tout ressenti cette continuité dans la qualité. Le problème est le succès de Loos, car si on s’inspire de son esthétique avec dix fois moins d’argent, on est poussé à la simplification, et à la perte des savoir-faire.

Esthétique géométrique et industrialisation vont effectivement assez bien ensemble, sans que ce soit une fatalité. On peut tout aussi bien faire de l’ornement industrialisé (exemples en fonte ou terre cuite émaillée au XIXe), ou de la forme géométrique artisanale (Loos). Manifestement l’architecture classique a été plus fertile pour les constructions banales…Mais dans un système économique différent, où le travail était bon marché.

Le nouveau système économique, semble lié à une architecture aussi industrialisée que possible mais qui a perdu aussi bien la pureté géométrique que l’héritage classique. Restent des machines à habiter lumineuses, ronronnantes de VMC, emballées de polystyrène (mortel en cas d’incendie), aux cuisines tiroirisées (imbibées de formaldéhydes), aux cloisons sonores en carton-plâtre, aux menuiseries oscillo-battantes en PVC, aux douches « italiennes », bref dans la droite ligne de la maison du beau-frère de Mon oncle… Rassurons-nous, ce n’est qu’une part riche de la population mondiale qui se ridiculise dans cette grotesque orgie énergétique. Comme dans le film de Tati, il y a toujours des oncles qui persistent à habiter au sommet d’immeubles malpropres et alambiqués et à acheter leur poireau au marché de la place.

23 août 2012

état et système

Dans plusieurs des articles de ce site, on lit une opposition sous-jacente au « capitalisme ». Nous devons préciser cette critique car notre point de vue esthétique ‑ bien qu’il soit absent des discours politiques ‑ a quelque chose à apporter au débat. L’architecture est dépendante du modèle économique qui lui est contemporain : on ne peut pas en faire abstraction. A la fois capitaliste et redistributeur, le système actuel est très contraignant et soumis à la double contrainte du « rendement » et de la « protection sociale ». Comment penser une nouvelle utopie sans mettre à bas ces deux absolus qui se justifient l’un par l’autre ?

Pourquoi indexer la protection sociale sur le temps de travail ? On imagine que les temps de travail par le passé étaient énormes. C’est vrai au XIXe siècle avec les débuts de l’industrie, mais avant ? Chacun habitant près de son travail, le trajet était évité. Aujourd’hui, qui va payer ce transport ? Le travailleur, par sa fatigue et son argent. En admettant deux heures de trajet par jour pour aller et revenir de son lieu de travail, cela fait dix heures par semaine de transport : plus d’une journée supplémentaire… En définitive l’Etat soutient ainsi l’industrie automobile, pétrolière, autoroutière, ferroviaire, etc… parce qu’il est plus aisé de continuer que de réfléchir à un monde où l'on circulerait moins, où le travail ne serait pas perçu comme une marchandise quantifiable mais comme une valeur culturelle que chacun se doit d’apporter à la collectivité.

L’habitat vernaculaire que l’on peut redécouvrir dans les régions rurales ou dans les bidonvilles, est indépendant du système économique contrôlé par l’Etat : l’un est en marge de l’industrie et réalisée par des artisans sans protection sociale suivant un modèle hérité ; l’autre vit des déchets industriels, les recyclent, les agglomèrent, utilisant la tôle ou les bâches plastiques comme certaines cultures se servent de tissages d’osiers ou de roseaux. Si elle ne touche pas au monde agricole, l’industrie peut finalement se dissoudre dans les cultures locales. Ce serait donc l’Etat, par ses règlements d’urbanisme arbitraires, sa protection sociale fondée sur le temps de travail, ses règlement d’hygiène et de sécurité, ses législations sur les appels d’offre, ses choix d’aménagement du territoire, qui oriente la création plus sûrement que l’industrie…

Nous allons très loin dans le raisonnement en admettant que le système capitaliste pèse ainsi sur les choix des Etats et n’est donc pas réductible à l’industrialisation. Détestable par bien des aspects, l’état-système est de plus en plus financiarisé, il lisse la culture des peuples et tente de s’approprier le vivant… Si l’on suit ses règles (charges sociales et règlements d’urbanismes principalement), on ne peut pas réaliser d’architecture vernaculaire…

20 août 2012

Illichville

dessin A.S.

Plutôt qu’un agenda 21 et un Grenelle de l’environnement qui s’achèvent en jus de boudin, assumons pleinement l’utopie – il faut y penser avant de se croire capable de l’appliquer. Voici un texte résumant la dernière ville utopique à peu près sérieuse : Illichville, exemple pris sur Wikipedia, traduit et adapté par un militant du vélo urbain Marcel Robert (carfree) :

Au cours de l’histoire de l’urbanisme, les utopies urbaines ou villes idéales ont été nombreuses, depuis les projets des socialistes français dits “utopiques” au 19ème siècle (Saint-Simon, Cabet, Fourrier, Considérant) jusqu’aux théoriciens anglo-saxons (Owen, Henry George, Ruskin, Morris, etc.). Tous avaient pour socle commun le refus de la dégradation urbaine liée à l’industrialisation, la pollution et la pauvreté endémique engendrées par la révolution industrielle. Parmi ces “villes idéales”, on trouve le meilleur (les cités-jardins, les doctrines hygiénistes ou solidaires, etc.) et le pire (les aspects militaristes ou même sectaires de certaines communautés).

La plupart de ces projets urbains ont été imaginés avant l’avènement de l’automobile; ils ne se conçoivent donc pas en opposition avec elle mais cherchent à proposer un nouveau modèle de ville, en général plus proche de la nature et caractérisé par ce que l’on peut appeler une certaine forme de “désurbanisation”. Certains projets prévoient malgré tout la séparation des circulations, telle l’Icarie de Cabet qui interdit la circulation des carrioles et des chevaux à l’intérieur de la cité. Beaucoup de ces projets urbains ne sont restés que des utopies urbaines, mais certaines villes idéales ont été quand même réalisées, particulièrement aux Etats-Unis à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. La plupart de ces expériences urbanistiques sont restées malgré tout des échecs, mais elles ont eu une influence considérable sur de nombreux architectes et urbanistes du 20ème siècle.

17 août 2012

utopie now

L’Utopie est le symbole d’une modernité effrayante car le monde qui l’a vu naître, de Thomas More à William Morris, a été submergé par ce que l’on considère désormais comme son aboutissement dans l’horreur : le totalitarisme, l’univers d’Orwell. L’année 1945 marque ainsi la fin officielle des modèles utopiques interprétés comme l’application d’une abstraction à l’humanité. Mais utopie et totalitarisme sont-ils vraiment dans une relation de cause à effet ? La recherche d’un « modèle de société » depuis la Renaissance, est-elle bien celle qui a mis en place les tyrannies dévastatrices du fascisme ou du communisme ? N’est-ce pas plutôt un poncif ?

La preuve est maintenant sous nos yeux : la société post/hyper-industrielle contemporaine est aussi celle du lissage, du standard et de la surveillance. Pourtant, la destruction de la diversité ne s’y est pas imposée « par l’utopie », il n’y a même pas eu de violence apparente mais juste une obligation morale, inexprimée, déduite par défaut - ce qu'indique bien C.M.dans son article sur le futurisme. Le résultat est le même : un simple tour dans un super, hyper ou discount montre que les produits ont le même goût et la même provenance, parfois un étiquetage comparable à celui que l’on observait dans les boutiques soviétiques des années 1960. Certes, il n’y a ni problème d’achalandage, ni de queue interminable, mais les caddies vides sont de plus en plus nombreux. Il en est de même pour les logements : tous normalisés et de plus en plus inaccessibles ! Parlons de l'humain : si nous n’avons pas "épuré les races", nous avons tout de même "normalisé les comportements"…

13 août 2012

v. m. lampugnani

Parcourons les revues d’architecture : même s’il n’y a aujourd’hui en France que « d’A » qui semble suivre nos préoccupations contemporaines, il peut être utile de feuilleter quelques dinosaures comme A.A. Celui daté de mai-juin 2012 offre ainsi une navrante description poético-abstraite d’un architecte espagnol, Alberto Campo Baeza, spécialiste bien nommé de la construction pour particuliers, banques et gouvernements surendettés. Dans un pays ruiné par l’immobilier, A.A. décrit son œuvre(dans un style van-der-Rohe, hygiénisé et sécurisé, un tantinet déconstruit, paré de marbre d’un blanc corbuséen) comme une réussite, offrant une belle négation du contexte. Comme si la question du luxe décomplexé des financiers espagnols ne devrait pas nous indigner !

Passons, les numéros 388 et 389 laissent aussi une toute petite place à Vittorio Magnano Lampugnani, un critique dans notre ligne, un historien de l’urbanisme s’attaquant aux gestes gratuits et prônant une certaine ville banale respectueuse des valeurs d’usage. Mais A.A. ne peut laisser dire des choses pareilles et invoque, sous la plume du rebelle institutionnel Stanislaus von Moos, la « convention bourgeoise » (comprendre, avec mépris, « petite bourgeoisie »). Un argument marxiste ressassé alors qu’aujourd’hui il n’existe pas de convention plus bourgeoise que la pseudo-excentricité contemporaine : la norme consumériste qui fait rêver les pauvres est là, il faudrait enfin l’assumer… Car la sclérose historique de la convention bourgeoise n’est plus la tradition classique, c’est la convention moderniste, celle citée ci-dessus d’Alberto Campo Baeza. Depuis le début de la société de consommation (un demi-siècle déjà), le « style innovant » est celui qui protège le système capitaliste. Il n’est pas ailleurs que là, leur bourgeois gentilhomme ! Guy Debord ou Jacques Tati l’ont très bien montré, dès le début, et ce n’est toujours pas compris ?...

10 août 2012

en cotentin

dessin A.S.


Ici, dans ce recoin du monde, nous goûtons pleinement le vernaculaire, exception en Normandie. Du cidre et du fromage sans étiquette, du poulet qui marche dans la ferme et de l’agneau dans les prés salés, des pains de 4 livres, etc. Fouillons avec lenteur pour trouver, sympathiser, échanger. Il faut revenir et prendre des risques car ces produits sont strictement interdits par l’Europe, dangereux pour la santé, non-normalisés.Il faut une flore intestinale locale ou s’y adapter.

Quant au paysage, l’architecture peut changer d’un village à l’autre en fonction du sol : ici une terre épaisse, là un banc de schiste,juste à côté un socle de granit, et un peu plus loin du grès ou un filon de quartzite. Les bâtiments "anciens", disons construits suivant des méthodes traditionnelles, nous exposent directement la nature du sous-sol. Il est incroyable de voir aujourd’hui encore des habitants reprendre eux-mêmes les murs délabrés d’une maison. Pas certain qu’il y ait un permis de construire, en tous les cas rien de visible… Mais il reste un savoir-faire et visiblement tout le monde se rassemble pour le coup de main. Il y en a toujours un qui connait, qui apprend, qui trouve.

Ici, nous sommes aux côtés des "terres vaines et vagues", ces territoires que l’on ne peut pas occuper définitivement : marais, marécages, landes, bruyères. Sans propriétaire, ces terres restent un "bien commun", celui qui habite les rives pouvant y mettre ses bêtes à la belle saison. Ce que l’on faisait sans y réfléchir depuis des milliers d’années jusqu’à ce qu’un puissant affirme en être le seigneur et donne des autorisations.Une propriété ? Non, un vol, celui qui marque le début de la fin, quelque part autour du XIIIe siècle. Mais c’est chose difficile, ici, en Cotentin, où la notion de "bien commun" est encore et toujours dans les mémoires et dans les usages.

5 août 2012

bidonville flottant

Des bidonvilles à l’avenir incertain. En raison de l’augmentation de la population mondiale, le nombre de citadins vivant dans des zones aux conditions très inférieures à celle de leur ville augmente rapidement. Ces zones urbaines communément appelés « bidonvilles » se situes généralement dans les pays en voie de développement. Selon une étude entreprise par « UN-HABITAT », on estime qu'un milliard de personnes dans le monde vivent dans des taudis et que ce chiffre sera de 2 milliards d'ici à 2030. Les bidonvilles sont caractérisés par une structure organique composée de bâtiments non planifiés, bricolés avec les moyens du bord ayant pour résultat une combinaison dense et variée de matériaux aléatoires. Ils se développent habituellement à la périphérie des métropoles mais également en bordure maritime et fluviale. Lorsque la surface au sol est totalement construite, ils colonisent peu à peu et sans précautions la surface sur l’eau. Ils peuvent alors être qualifiés de « bidonvilles humides ».

D'une part, les bidonvilles sont écologiques par nature. Ils ont une faible incidence sur l'environnement et transforment petit à petit, avec la participation de leurs habitants, des zones abandonnées ou condamnées en espaces urbains de valeur. Ils réutilisent également une grande partie des déchets produits par leur métropole d’implantation. Cela aboutit à la formation de communautés semi-autarciques dans lesquelles des milliers de personnes évoluent au sein d’une culture qui leur est propre, avec leurs propres modes de vie et leur propre économie. D'autre part, les bidonvilles sont fragiles et très sensibles aux catastrophes naturelles et sanitaires ainsi qu’aux changements politiques et climatiques. Ils contiennent certains des problèmes sociaux et urbains persistant du 20e siècle. En plus d’être des habitats permanents, se sont aussi des zones qui continuent à se développer. Ils forment des pans entiers de villes vernaculaires contemporaines fabriquées avec les résidus de la société de consommation globale. Certains hébergent presque autant d’habitants que des villes comme Strasbourg ou Montpellier.